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Critique d'"Unica ou le morcellement" par Michèle Zachayus

Auteure de nombreux articles, critique littéraire (notamment dans la revue Présences d'esprits), traductrice d’ouvrages dans le domaine du fantastique et de la SF (dont plusieurs chez Noosphère et Bragelonne), Michèle Zachayus me fait le cadeau d'une magnifique chronique sur "Unica ou le morcellement".

Les éditions Sans crispation et moi-même la remercions infiniment pour sa lecture et ses mots.
Voici donc sa chronique (publiée également sur Babelio et sur la page facebook de la maison d'édition) :
« UNICA OU LE MORCELLEMENT
Marianne DESROZIERS
Sans Crispation – 2025
88 p – 14 €
Ou les chemins de traverse/ non balisés ? Le propre de la SF ?
« Toute la beauté de nos douleurs », disait Apollinaire… On est subjugué par la mélancolie qui sourd de ces pages hybrides d’une grâce ineffable, la tristesse portant en gésine une transcendance créatrice aux versets entêtants, portés par les ailes de ces amours cruelles entre toutes – qui, inexorables, ont pour objets à jamais inaccessibles des êtres balayés de la surface de la Terre, des âmes englouties dans les rapides du Temps.
Les yeux du tigre, le regard frondeur, fragmenté, la femme cadavre-poison-enfant… ? Les références convoquées au long de cette biblique « Porte Étroite », folle quête vouée par excellence à l’inabouti de l’éclatement surréaliste, aux accents tragiques d’une réalité fracassante, pourraient être les pathétiques ‘jalons’ d’Hansel et Gretel abandonnés à leur sort par leurs ‘protecteurs’ (leurs parents) dans de terrifiantes « forêts circonvolutives/labyrinthiques » (celles de « l’âme » ?)
On a là comme une dichotomie, une profonde fêlure de la psyché d’unicA Zürn, funambule de sa propre vie, artiste tiraillée entre France et Allemagne, hantée par les terribles carnages de son siècle, écartelée entre incommensurable solitude et quête éperdue d’une altérité ‘jugulée’, entre enfance misérable, imaginaire débridé, visions/conceptions insanes… Une porte entrebâillée sur d’autres appréhensions de ce monde déroutant où l’on est plongé à la naissance ? « Visualisations » d’une certaine réalité ? La mort serait-elle… un autre espace-temps ?
Le mystère de cet « envol de l’ange », en ce tragique jour d’octobre 1970 rue Mouffetard, à Paris, demeure entier. Combien d’autres « suicides » comme le sien condamnés au ‘suaire’ suffocant de ‘l’énigme’ proverbiale de l’inavoué/ l’inavouable…
Entre larmes de glace et œuvres-chimère, entre dons de médium et le cri nu du désespoir, entre connaissance des maths, sciences ésotériques, et le royaume de l’enfance…
J’ai apprécié les notes renvoyant aux artistes/’acteurs’ de ce drame. Un appareil critique des plus appréciables pour qui voudrait soulever le voile, étoiler le fragile vernis des choses…
On touche là au mystère des « courants souterrains et « chimères fractales » d’une âme mortellement blessée, en quête d’absolu.
Merci à Marianne Desroziers pour ce chef-d’œuvre atemporel appelé à marquer les « héritiers » d’unicA, « être à haute teneur poétique », qu’au fond, nous sommes tous.
​Michèle 1773 Zachayus »

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