Critique de Lisières de Julie Lecanu, parue précédemment sur le site le Salon Littéraire
Lisières est
le premier recueil de nouvelles de Marianne Desroziers, écrivain, bloggeuse
littéraire (1) et rédactrice au Salon littéraire. Six nouvelles s’y succèdent et on se laisse glisser avec
délectation de l’une à l’autre dans un crescendo d’émotions.
Bien qu’ayant
chacune leur univers, les nouvelles de ce recueil ont une cohérence évidente : elles nous
emmènent toutes à la lisière de la réalité et du fantastique, à celle de la vie
et de la mort, à celle du passé, du présent et du futur. En peu de mots, dans
un style épuré, Marianne Desroziers a su planter les décors et atmosphères de ces
histoires qui nous transportent vers un ailleurs. Une volonté de l’auteur que l’on retrouve dès
la quatrième de couverture : « Lecteur, suis-moi sur ce chemin, à la
lisière, même- et surtout- si tu ne sais pas où il te mènera. La lecture est un
risque à prendre. Ceci est une invitation au voyage, au périple le long de la
frontière de toutes les frontières Celles poreuses entre la réalité et
l’illusion, le banal et l’extraordinaire, le monde des vivants et celui des
morts. »
Dans La Photo disparue,
une femme erre dans sa maison au grès des souvenirs, dans La Couverture rouge, une femme voit ressurgir le souvenir de
l’homme aimé. Mais la nouvelle que j’ai préférée est Le Vice enfin puni où une lectrice acharnée est happée physiquement
par ses livres et voyagent de l’un à l’autre sur son étagère, tel Le Passe-muraille
de Marcel Aymé. Une sensation que
certains lecteurs auront déjà connu, celle de se fondre dans une histoire au
point d’être coupé du monde qui les entoure. Enfin, il s’agit de mon
interprétation et c’est là aussi une force de ces nouvelles puisque l’auteur
nous laisse libre d’interpréter le mystère qui entoure chacune de ces
histoires. Chacune fourmille de références littéraires, et Marianne Desroziers
en a plus d’une, Marina Tsvetaeva, Virgina Wolf, Pérec et bien d’autres. Une
influence riche qui pour autant ne phagocyte pas le style de Marianne
Desroziers.
Un
beau voyage donc entre rêve et réalité dont on se réveille un peu brumeux,
pensif et rêveur.
Julie Lecanu