Durant les deux mois que je vais passer à la Villa Clementine à
Wiesbaden, en Allemagne, je partagerai avec vous mon expérience sous
forme de billets publiés sur ce blog tous les dimanches.
Première semaine
Que dire de
cette première semaine ? Qu'elle fut courte puisque je ne suis
arrivée que mardi soir tard. Je suis très contente d'être là même
si je ne sais pas trop ce que j'ai fait pour mériter cette chance et
que je m'interroge beaucoup sur ma place d'écrivain citoyenne face à
la violence du monde, notamment au drame des migrants qui voient en
l'Allemagne un Eldorado.
Ces quatre
derniers jours furent très remplis, pleins de découvertes et
d'émotions, d'idées nouvelles qui germent tranquillement, de
discussions en anglais avec Hartmut et en français avec Harry, deux
hommes de grande culture qui sont des personnes référentes pour les
auteurs en résidence à la Villa Clementine.
Que garderai-je en mémoire de ces premiers jours de résidence ? Les parcs magnifiques et très propres avec des sculptures,
des vestiges de temple romain et une colonne de l'époque
carolingienne, des canards du Nil, des perroquets, le Théâtre
National grandiose que j'ai pu visiter et où j'ai pu écouter des
extraits d'opéra en buvant une coupe de champagne local lors des
portes ouvertes, l'immense marché du samedi noir de monde.
Quelques
déconvenues quand même : impossible de trouver des oeufs dans un
supermarché (alors qu'on peut y acheter des cigarettes), et le rayon
biscottes est réduit à la portion congrue (les Krisprolls et les
Wasa, ce n'est pas des vraies biscottes!), alors si vous cherchez
comme moi des biscottes au blé complet, je vous souhaite bon
courage, quant au goût des tomates achetées sur le marché, elles
n'ont pas grand chose à voir avec celles du jardin de mon père...
mais je m'adapte, c'est la moindre des choses, tellement je suis
chanceuse d'être là. L'essentiel c'est que j'ai trouvé un
excellent magasin bio et une boulangerie qui fait de très bons pains
aux raisins...
Surprise aussi
par les jupes à 600 euros du magasin d'en face. On m'avait prévenue
que cette rue était un peu l'équivalent des Champs Elysées (appelée
"la rue" par les habitants, pour faire chic car français
égale chic) mais quand même ça m'a fait bizarre... j'attendrai de
rentrer en France pour faire les magasins !
Je me rends
surtout compte que je parviens à me débrouiller beaucoup mieux que
je n'aurais cru (c'est la première fois que je pars seule à
l'étranger). Je baragouine en anglais, faisant de grands gestes pour me
faire comprendre et je dis deux mots de politesse en allemand en
souriant et tout se passe bien en général... sauf quand je
m'emballe en faisant une grande phrase humoristique en anglais à la
boulangère qui me regarde avec un air ahuri, voire effrayé (tout le
monde ne parle pas anglais)!
Je m'habitue
aux sonorités particulières de la langue allemande et au fait de ne
pas comprendre ce que les gens se disent ou me disent. S'ils rient, je rie avec eux, sans comprendre, c'est instinctivement le corps qui réagit. J'écoute la
radio allemande tous les matins au petit déjeuner pour m'imprégner
de la langue. J'aimerais apprendre l'allemand et approfondir
l'anglais... pourquoi pas me remettre à l'espagnol aussi tant que
j'y suis : vaste chantier mais beau projet (utopique?) !
Il est quand
même des hasards extraordinaires : trois jours avant mon départ
j'ai acheté dans une librairie française (où j'étais venue pour
une rencontre autour de la littérature indienne) un livre d'un jeune
auteur allemand, Jan Wagner. Il s'agit d' un beau livre de poésie
publié au Cheyne Editeur et bilingue. J'ai montré ce livre à Harry
et il connait personnellement l'auteur. Il m'a dit que c'était une
très bonne lecture et il m'a expliqué et fait répéter en allemand
les mots du premier poème : c'était un très bon moment.
L'appartement
où je suis logée, au dernier étage de la Villa Clementine est très
vaste, lumineux et bien équipé... même si l'étage est un peu
grand pour moi toute seule (il est prévu pour 3 écrivains) et que
je me perds entre la cuisine et la chambre (le sens de l'orientation
et moi ça fait deux!). J'ai aussi un peu de mal à m'habituer au
bruit de la circulation la nuit mais je commence à en faire
abstraction et dors de mieux en mieux. En octobre, une auteure
tchèque sera aussi à la Villa : j'ai déjà hâte de la rencontrer.
En attendant, j'apprécie un peu de solitude et de tranquillité. Il
manque quand même un chat (ou même deux !) à mon bonheur...
Pour finir, je ne peux pas ne pas vous montrer cet objet étrange, que je n'ose appeler décoratif mais dont je ne vois pas non plus l'utilité pratique, qui trône dans le hall de l'étage des auteurs et que je croise donc plusieurs fois par jour. On dirait un virus, non ?
Cette semaine
j'ai écrit... trois nouvelles, qui ont encore besoin d'un peu de
travail certainement pour gagner en force et en précision, ainsi
que des fragments poétiques et tous les soirs je tiens mon journal.
Cette semaine
j'ai lu... "Metapoly", roman de Georgie de Saint-Maur
(Editions de l'Abat-Jour), "Les livres prennent soin de nous.
Pour une bibliothérapie créative", essai de Régine Detambel
et "Archives nomades", poèmes en édition bilingue
allemand/français de Jan Wagner (Cheyne Editeur).
La suite au
prochain épisode (dimanche 13 septembre)