Ma deuxième semaine à Wiesbaden a été riche en création, en
découverte et mystère. Le mystère de la machine à laver d'abord
qui se remplit de chiffons sales, se met en route, et se vide toute
seule le lundi matin, sans que je n'ai vu ni entendu personne entrer
dans l'appartement... Renseignements pris par mail auprès de
Laureline, auteur française en résidence ici l'an passé et qui m'a
donné beaucoup d'informations précieuses avant que je parte, c'est
très certainement la femme de ménage qui est entrée par une autre
porte et qui a été très discrète. Me voilà un peu rassurée : je
ne suis pas totalement folle !
Un mystère qui reste entier, c'est l'oeuf : j'ai enfin trouvé les
oeufs au supermarché, ils sont rangés avec les légumes (pas comme
en France) mais je n'ai pas compris quels étaient ces oeufs colorés
en jaune, rouge ou vert... si quelqu'un peut m'éclairer, ça
m'intéresse.
La question du rangement et de la présentation m'apparaît très
culturel : ici, vous trouvez des chocolats au rayon vêtements pour
femmes et des souvenirs pour touristes dans une librairie au rayon
guides de voyage. Autant de petits détails qui m'étonnent,
m'amusent, m'interrogent.
Je n'ai pas trouvé des librairies indépendantes, seulement des
petites boutiques de bouquinistes et de vente de journaux et de
quelques best-seller. Je suis allée dans une librairie dont on
m'avait dit qu'on y trouvait des livres français. C'est un magasin
type FNAC, sur trois étages, qui vend aussi des DVD et CD, avec une
partie café. J'ai été étonnée par le monde fou qui s'y pressait
en ce samedi après-midi. Etonnée aussi par tous ces canapés rouges
(tiens, ça me rappelle le titre d'un excellent roman de Michèle
Lesbre) sur lesquels des gens lisaient, faisaient la sieste,
carrément allongés. Au rayon des beaux livres, des grandes tables
étaient des chaises sont à la disposition des clients.... une
ambiance plus bibliothèque que librairie au sens où nous
l'entendons, mais avec un brin de décontraction en plus, bref un
lieu de vie où on a envie de passer du temps. Vous vous demandez
peut-être si j'ai trouvé des livres français... à côté du rayon
"English books", j'ai fini par voir une petite affichette
expliquant que pour les livres en espagnol, français et italien il
fallait demander aux vendeurs (c'est ce que j'ai deviné puisque je
ne parle pas allemand, hormis quelque mots). Je repasserai plus tard,
pour l'instant je ne manque pas de livres à lire. Au niveau des
livres d'auteurs français traduits, je n'ai trouvé que Frédéric
Begbeider et "How to be a Parisian wherever you are". Ce
dernier livre fait partie des dix meilleures ventes, à côté du
livre de Dalaï Lama ou du livre inédit d'Harper Lee. Le record du
nombre de piles de livres est sans conteste détenu par Charlotte
Link, qui semble être une auteur très populaire si j'en juge par sa
visibilité dans la librairie. C'est une auteur "locale"
puisqu'elle est née à Francfort mais elle est de renommée
internationale et traduite en français. J'avoue que je n'ai pas eu
envie de la lire.
Je sors tous les jours me promener au centre-ville ou marcher dans
les parcs mais ma sortie de la semaine, c'était le musée de
Wiesbaden. Une très très belle découverte. Le musée est très
grand et très beau. Pour 10 euros j'ai passé 2h30 de pur plaisir
esthétique. Le musée présente outre une exposition temporaire fort
intéressante sur Katharina Grosse, artiste allemande à laquelle 7
salles sont consacrées, une très belle collection d'oeuvres
modernes et contemporaines (plusieurs salles de peintures de
Jawlensky mais aussi Rothko, Richter, Klein, Beuys, Warhol et
d'autres moins connus), des oeuvres plus anciennes (XVII et XVIII
ème). Par ailleurs, un secteur du musée est consacré à l'histoire
naturelle avec pas moins de 5000 animaux, plantes et fossiles ainsi
que 800 minéraux : instructif et ludique pour les enfants et pour
les adultes aussi ! Il y a par ailleurs de très belles
installations, jouant avec la lumière et exploitant très
subtilement l'architecture du lieu, notamment "Grapheme" de
Robert Seidel, qui surprennent et enchantent le visiteur au détour
d'un escalier ou d'un couloir (voir vidéo ici).
Pour finir, je dois vous dire qu'hier, en revenant de la librairie,
je me suis perdue pour la première fois dans cette ville. J'ai fini
par retrouver ma chemin grâce au plan que j'ai toujours dans mon
sac. Peut-être faut-il savoir se perdre dans une ville comme on se
perd parfois dans un livre ?
Cette semaine j'ai écrit... trois nouvelles de plus et j'en ai
commencé une quatrième. Après avoir écrit des nouvelles
traversées par l'impact du lieu et de l'actualité sur moi, je
reviens vers des personnages et des situations qui me travaillaient
depuis longtemps mais sur lesquels je n'avais pas réussi à écrire.
En parallèle je retravaille les nouvelles déjà écrites.
Cette semaine j'ai lu... "La colère des aubergines" de
Bulbul Sharma (Picquier)
La suite au prochain épisode (dimanche 20 septembre)