Ce mois-ci, dans le cadre des Vases Communicants, j'échange avec Bruno Legeai. Je vous encourage vivement à visiter son très beau blog où il partage ses photos et ses textes.
Nous sommes partis d'un mot que j'ai proposé : disparition.
A partir de ce mot, Bruno Legeai m'a proposé une photo dont il est l'auteur.
Puis, nous avons chacun de notre côté écrit un texte inspiré de cette photo.
Mon texte, "Le disparu", est à lire sur le blog de Bruno Legeai par ici.
Et voici son texte :
Poèmes quand tu n’es pas là
Si tu n’as pas oublié la forme rugueuse des mains qui t’enveloppaient au risque de la chasteté
Ni ce poids sans cesse déjà mort du corps qui s’abandonne sur ton corps à peine éclos
Si tu n’as pas oublié le silence noirci des mots trop silencieux pour la parole bruyants tellement bruyants pour être muets
Ni les désirs importuns de minuit sous les draps du fantôme que l’on imite
Il brille au fond de tes larmes un peu des miennes que j’ai depuis brûlées avec ce poème
o
Où sont les papillons de lumière
Dans leurs ailes au soleil sont nos amours qui jouent au petit bonheur avec le bruit
Sec des fusils
A l’ombre deviennent des quartiers de pomme qui ont saigné la flèche ruisselle
Où sont nos papillons
La nuit prochaine
L’étoile qui porte ce nom chéri parce que c’est toi
Si l’étoile n’ose pas brûler
Je ne pourrai lancer car la nuit serait fermée
Je ne pourrai libérer les papillons d’amour
M’en tenir à leurs traits leurs coeurs ni les chemins
Qui mènent toujours
Dans mes rêves laborieux à l’objet des promesses d’avant
o
La nuit oubliée repose sur mon ventre endormi et creuse un puits de souvenirs
La nuit aux yeux clos hier ronronnait comme un vieux chat tandis que je rêvais
Elle fait silence et me surveille
Elle a bougé sur mon ventre vide comme une vie que tu devinerais un jour
Et s’empare d’absence jusqu’au bord de ton lit
Tu y reposais quand je t’ai contemplée sans oser exister vraiment
Sur la seule marche de l’envie était dessinée la trace de ta chevelure à peine séchée à peine tiède
Je savais malheureusement au
froid de nos lèvres que tu n’y étais pas aucun ne t’avais vue cette nuit
pas même la nuit appuyée à la fenêtre
Sans pouvoir me rejoindre
o
J’avais tant l’ouïe attentive je pris du vent venu le chant de l’océan
Et dans l’autan les cris d’enfants ils n’avaient pas classe et jouaient à rire dans la poussière
Je reconnus même les mots de ma Loire
Tu étais si proche et silence ma voix te murmurait
Ma propre voix après un long silence étrangère venue dire
Je t’aime je t’aime
o
( la nuit sera bleue une femme
comme le vent lève ses cheveux de lumière
sans-cesse reviennent les valses triste d’une autre vie
les coulées d’alcool grondent dans nos tuyaux de sang
oh ! la nuit bleue d’une femme
sans-cesse j’y reviens
avec les premières larmes sur sa première blessure
l’homme était-ce moi oh ! non
femme bleue de la nuit
j’étais ce boucher quand nous bougions
sans savoir lequel des cris serait définitif
sans savoir lequel des cris recommencera
dans la gorge bleue de la femme de la nuit )
o
Il te faut Non cet homme qui à tes côtés sera comme l’oiseau dans la cage se décolore
Il te faut non cet homme qui dans la vie passe comme un chien hagard sur les boulevards
Il te faut non cet homme qui s’âgera comme le fou et s’éloigne et se prend à chanter
Il te faut non cet homme car il sera seul comme toi quand vous tiendrez vos mains
Rappel sur le principe des Vases Communicants :
Tiers Livre (http://www.tierslivre.net/) et Scriptopolis (http://www.scriptopolis.fr/) sont à l'initiative
d'un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun
écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les
mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour
produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez
l’autre.
Il existe un groupe Facebook destiné à organiser ces échanges : n'hésitez pas à vous inscrire si vous avez un blog et souhaitez participer.